Halloween était une fête idéale pour faire ressortir ta beauté naturelle. L'année dernière, tu avais enfilé un délicieux costume de loup-garou. Celui d'avant, de momie. Le tout laissant entrevoir délicatement tes beaux muscles saillants, évidemment. Cette année, tu avais opté pour un costume de corsaire décédé avec un faux sabre te traversant le ventre. C'était pas mal. Le déguisement t'allait bien et tu regrettais presque d'être né au mauvais siècle.

L'école avait mit beaucoup de bonne volonté dans cette décoration, il fallait le reconnaître. Tant de bonne volonté d'ailleurs, que c'était à peine si tu reconnaissais l'endroit sous les toiles d'araignées et la brume. Si t'étais un petit peu plus malin, peut-être que t'aurais eu peur. Peut-être que tu te serais dit que c'était quand même vachement l'ambiance d'un film d'horreur. Que peut-être, emportés dans leur passions, ils auraient pu mettre quelque chose d'éventuellement dangereux juste pour voir si REFLEXE bim bitch, les élèves doivent être prêts en toute circonstance. Mais non Indie, tu étais con. Et c'est bien connu, les cons n'ont que très rarement peur. Ta seule préoccupation actuelle était de savoir si oui ou non tu allais tomber sur une jeune fille en détresse que tu allais pouvoir pécho dans un couloir sombre. Le mieux, ce serait Sana quand même. Tu aimerais bien qu'elle mette un petit déguisement moulant et plutôt court et- AAAAAH QUELQU'UN QUI S'ACCROCHE A TON BRAS.
Mais non voyons, il n'a pas eu peur, qu'est-ce que vous croyez vous autres. T'as pas du tout sursauté, pas vrai Indie ? Ouais, c'est bien ce que je pensais.
Un monstre ? Un piège de l'académie ? Par tous les dieux, si c'est Sana c'est un signe du destin et tu l'embrasses tout de go !
Tu te retournes doucement et l'horreur commence à s'emparer de toi. Merde merde merde merde c'était un monstre regardez c'est un monstre japonais merde c'est la dame blanche nippone merde merde merde merde elle va te bouff- « Désolée. ».
Oh bordel de merde. Tu la reconnais cette voix! Mais oui ! Mais non ce n'était pas un monstre ! C'était un déguisement ! Oh bordel de merde c'était Ushio !
"Pas de problème ma belle. Charmante ce soir, comme toujours." Mensonge mensonge elle était pas charmante, elle était flippante. "Quelle belle coïncidence que celle qui nous a fait nous retrouver ensemble.", tu ajoutes, un air séduisant dans la voix. Mensonge, mensonge, t'aurais préféré Sana. Bordel de merde, tu la retrouveras dans le réfectoire.
Pourquoi elle chantait elle aussi ? ELLE CROYAIT QUE C’ÉTAIT LE MOMENT DE CHANTER ? NON CE N'ETAIT PAS LE MOMENT DE CHANTER, IL FALLAIT QUE TU VOIS LE COSTUME SEXY DE SANA. Mais bon, là t'étais avec cette demoiselle maintenant tout de suite, il ne fallait pas la faire se sentir délaissée.
"Si t'as si peur que ça, tu peux t'accrocher à moi, t'en fais pas."
Ah, ça c'était une phrase de lover Indie.

Des hurlements au loin. Bordel de merde, qu'est-ce qu'il se passe. Des faux hurlements ? Des vrais ? Qu'est-ce que vous deviez faire, y croire ou non ?

Qu'est-ce-qu'elle pouvait être naïve cette petite. Elle croyait vraiment que ce serait une fête joyeuse ? Non. Non malheureusement, on est pas au Canada, et qui plus est, on a pas 12 ans ici. Sa première année à Shinrin, elle n'était pas allé à la fête d'Halloween, car elle voulait absolument parler à son père via son ordinateur portable, et sans s'en rendre compte, elle avait discuté toute la nuit. Sa seconde année, elle était tombée malade et restait clouée au lit. Mais cette année, elle y participerait ! Elle voulait s'amuser elle aussi !

Du coup elle avait préparé un déguisement. Artisanale. Dis comme ça on pourrait à s'attendre à quelque chose de qualité, mais il ne faut pas oublier la grande âme d'enfant d'Eryn. Alors elle avait pris un drap blanc, avait fait deux trous et l'avait raccourci pour qu'il ne traîne pas par terre. Ainsi, elle c'était déguisé en fantôme. Enfin, fantôme, c'était vite dit. Pour un enfant, oui c'en était un. Pour un adulte, c'était juste une gamine qui savait pas dans quoi elle s'enfonçait. Elle était ridicule dans son accoutrement. Quand elle sortit de sa chambre, elle sentit un froid lui escalader les jambes. De la brume. Sa première pensée fut que c'était le soir, et que c'était fréquent qu'un léger brouillard s'installe les soirs humides et froids. Elle avança alors sur les ponts des dortoirs Ajisai.

L'esprit joyeux de la canadienne ne prêtait pas vraiment attention au décor, surtout qu'elle marchait la moitié du temps les yeux fermés (le nombre de fois où elle les ouvrit étaient proportionnel au nombre de fois qu'elle trébuchait ou buttait sur un obstacle). Sauf que rapidement, elle dût ouvrir les yeux à cause d'une toile d'araignée qu'elle n'avait pas prévue. Un petit cri de surprise sortit, et elle sortit enfin de sa bulle enfantine. Nuit. Sombre. Toiles d'Araignée. Froid. Brume. Elle frissonna d'un coup et se rendit compte de l'ambiance. Ses narines semblèrent d'un coup se déboucher et elle inhala l'odeur horrible. Sa pupille se rétracta et Eryn dut se forcer à poser ses mains sur sa bouche et son nez pour comprimer un cri.

Elle s'arrêta alors deux secondes. C'était pas drôle. Pas drôle du tout. Elle était où les citrouilles aux visages rigolo ? Les maisons joliment décorés ? Oui bon, il n'y avait pas de maison ici, mais enfin... Ils auraient au moins pu mettre quelques guirlandes lumineuses, qui clignotent.. Mais non ! Il fallait faire peur aux gens ! Mais c'était facile de deviner que c'était le personnel qui avait mis tout ça en place. Ils voulaient faire peur, c'était sûr. Et c'était réussi. Pour sûr ils avaient usé, voir abusé de la magie. Et voilà Eryn avec un drap sur la tête au milieu de la plus terrifiante des ambiances qu'elle ai vécu.

Le cœur battant encore la chamade, elle essayait d'avancer en se convaincant qu'elle n'avait rien à craindre. Elle arriva à l'orée de la forêt, les pieds nues (sinon c'était pas drôle). Le sol était terriblement froid et elle se dépêcha d'aller dans la cour, où un paquet d'élève c'était regroupé. L'institut semblait complètement différent. A peine entrée dans la cour, un groupe de jeunes élèves hurlèrent juste à côté d'Eryn, persuadée de faire une bonne blague, au pris d'une petite frayeur. Sauf qu'une « petite frayeur » ça existait pas chez Eryn. Alors elle hurla de toute ses forces, montant dans les aiguës et se mit à courir vers la foule, sans regarder devant elle. Son drap commença à tomber devant ses yeux et à glisser au niveau de ses pieds. Ça n'a pas manqué : Eryn s'emmêla dedans et tomba par terre, juste devant la foule de gens déguisés, plus flippants les uns que les autres.

« Dé-dé-dé... DESOLE ! »

Elle se releva, remit son drap et fit quelques mètres pour fuir les regards amusés des autres élèves.

Dans quoi elle c'était encore embarqué ?!

Eryn cherchait inlassablement quelqu'un qu'elle connaissait, une figure familière. Elle ne voulait pas resté dans cette ambiance, elle ne pouvait pas y faire face. C'était trop oppressant pour elle, et elle devait le montrer, pour qu'elle se sente mieux.

Son regard se posa alors sur une figure qu'elle connaissait bien. Une tenue bien particulière : un loup garou. Il avait la taille, mais pas forcément la carrure. Mais ça lui allait bien, et c'était vraiment bien fait. La personne était donc Ambros, à côté d'une jeune femme qu'Eryn ne connaissait pas. Elle l'avait déjà vu quelque fois traîné avec Arata ou d'autres personnes. En réfléchissant un peu, son nom devrait lui revenir.. Il avait une consonance très poétique. Il y avait un mot qui y ressemblait... Papillon semblait-elle se rappeler. En anglais, ça fait Butterfly. Hum... Ah oui, le fly était identique, elle c'était fait la remarque, justement, que c'était bien la seule chose d'identique. Alors... L, ça commençait par L et il y avait le son « a », vers le milieu. Li- Li- Lé- La- Lé … Lu ? Peut être. -a- -Sa- -Pa- -La- ? Lilaby... Lélaby... Lalaby ? Eryn fut amusé par ce nom un peu particulier, au point qu'elle en oublia le but premier : retrouver le nom de cette jolie femme !

L'ambiance se resserra rapidement pour la ramener à sa frayeur. Elle fit quelques pas hésitants vers Ambros, Doucement. Quand elle arriva à son niveau, elle l'interpela, les bras légèrement tendu sous son drap. Du à sa petite taille, on aurait pu y voir un enfant de 10 ans cherchant sa maman.

-A-Ambros... J'ai peur...

Sa voix était tremblante et suppliante. Pitié Ambros, sauve moi, sauve moi de là, semblait-elle appeler.